Les audits quantitatifs

L’audit quantitatif se fonde sur un questionnaire susceptible d’être administré à l’ensemble du personnel, alors que l’audit qualitatif se limite nécessairement à quelques dizaines de personnes. Ce questionnaire peut être présenté sur un support papier ou sur un support informatique (ce qui permet d’éviter la retranscription des questionnaires remplis sur un support papier). Dans le cas d’un support informatique, les personnes interrogées sont invitées à se connecter à un logiciel sécurisé préservant leur anonymat (et qui ne leur permet pas de répondre deux fois !).

On aura compris que le principe est identique à celui d’une enquête d’opinion. La différence réside dans le fait que le questionnaire d’audit se fonde sur un référentiel qui a fait l’objet d’une validation scientifique dans le contexte du pays où il est administré. On trouvera ça après à titre d’exemple le référentiel portant sur le climat social mis au point en 2009 par l’auteur de ces lignes, en collaboration avec Bernard Merck :

Le référentiel des irritants sociaux

  1. Degré de cohésion du corps social :
    1. Ambiance détériorée au sein de l’entreprise
    2. Manque de coopération au sein de l’équipe de travail
    3. Manque de coordination entre équipes de travail
    4. Querelles entre anciens et nouveaux
    5. Existence de communautarismes culturels, sociologiques ou professionnels
    6. Existence de non-dits ou de rumeurs
  2. Perception du comportement de l’encadrement :
    1. Présence insuffisante sur le terrain
    2. Manque de respect envers le personnel
    3. Comportement autoritariste ou incapacité à animer et à réguler l’équipe
    4. Incapacité à faire progresser les personnes
    5. Existence d’ordres et de contre-ordres
    6. Absence d’informations claires et complètes sur le travail
    7. Absence de réponse aux questions et aux suggestions d’amélioration
    8. Définition insuffisante des rôles respectifs du n+1 et du n+2
    9. Défaillances dans le traitement des symboles
  3. Perception des méthodes de management :
    1. Politique de communication insuffisante
    2. Incompréhension des modes de fonctionnement de l'entreprise et des exigences qu’ils impliquent
    3. Absence d’entretiens périodiques d’appréciation sérieusement faits
    4. Mesures salariales individuelles différenciées, mais non justifiées de façon claire
    5. Négligences dans l’accueil des nouveaux embauchés
    6. Possibilités d’évolution insuffisantes ou répondant à des règles insuffisamment claires entraînant un sentiment d'injustice ou d'iniquité
  4. Perception du comportement de la Direction :
    1. Éloignement des centres de décisions
    2. Absence de reconnaissance pour le travail accompli
    3. Incapacité à présenter un projet mobilisateur
    4. Manque de cohérence apparente de l’équipe de direction
    5. Absence d’une visibilité suffisante de la politique poursuivie
    6. Importance accordée aux conditions physiques de travail insuffisante
  5. Perception des relations collectives de travail :
    1. Existence d’une représentation du personnel peu structurée ou manquant de légitimité
    2. Délégués du personnel jugés insuffisamment présents
    3. Comité d’entreprise jugé trop peu actif
    4. Existence de tensions entre encadrement et représentants du personnel
    5. Existence de relations dégradées entre la Direction et les représentants du personnel
    6. Absence, venant de la Direction, d’une prise en compte suffisante des préoccupations et des souhaits du personnel
  6. Perception de l’avenir et de l’environnement de l’entreprise :
    1. Inquiétude en ce qui concerne la pérennité de l’établissement ou de l'emploi
    2. Incertitude en ce qui concerne les changements prévus dans l’organisation du travail
    3. Tendance à la dévalorisation des métiers pratiqués
    4. Craintes de déclassement par insuffisance ou inadaptation des compétences requises
    5. Relations difficiles avec les usagers ou les clients
    6. Exigences croissantes ou incompréhensibles venant des différents partenaires de l’entreprise
    7. Changement du cadre institutionnel ou réglementaire imposé sans explications suffisantes

Le piège des comparaisons internationales :

Les résultats d’enquêtes internationales réalisées sur la base d’un questionnaire identique ont peu de valeur dans la mesure où les réponses s’inscrivent dans un contexte qui peut être complètement différent d’un pays à l’autre. Par exemple, si les Chinois se disent plus fréquemment que les Français favorables au principe de la libre entreprise, c’est que celle-ci apparaît comme une véritable libération après les affres de la Révolution culturelle alors qu’en France l’entreprise entre en concurrence avec un Etat-providence supposé bienveillant.

De même, on prendra l’exemple d’une grande entreprise américaine dans laquelle, au sein d’une de ses usines française, l’enquête d’opinion (annuelle) donnait lieu, à l’initiative de la Direction  locale, à une campagne en vue de produire les résultats les plus favorables possibles dans la mesure où ils déterminaient le choix d’un lieu d’investissement par la société-mère, et donc l’avenir de l’usine.

La confiance dans des enquêtes d’opinion ainsi réalisées dans des conditions douteuse s’apparente à la pensée magique.

L’audit peut porter sur le climat social, comme le montre le référentiel reproduit ci-dessus. Mais il peut porter sur des thèmes plus précis, tels que :

Sur la base du référentiel qui aura été ainsi retenu, la mission d’audit se décompose, comme dans le cas d’un audit qualitatif, en trois phases.

En ce qui concerne la préparation de l’enquête, il s’agira :

Ces précautions étant prises, l’enquête peut démarrer. Elle s’étendra sur une période qui peut être d’une quinzaine de jours et peut nécessiter une assistance :

L’enquête étant close, on en viendra à l’exploitation et à la présentation des résultats ; elles répondent aux mêmes impératifs que dans le cas d’une enquête qualitative :

Dans cette présentation, il convient de ne pas oublier que l’audit vise la mise en place d’actions correctives par rapport aux défaillances constatées. Il ne s’agit pas d’une enquête sociologique visant à faire progresser la connaissance mais d’abord d’un acte de management. De ce point de vue, il peut être judicieux pour l’entreprise d’envisager des enquêtes récurrentes qui lui permettront d’enregistrer ses progrès, voire la détérioration de ses performances humaines et social

On trouvera ci-après, à titre d’illustration, un exemple de restitution brut ainsi qu'un exemple de rapport de synthèse dans la partie exemple de questionnaire ci-contre.